Un couple de gérants de Super U démissionne après un bad buzz lié à des photos de chasse en Afrique : jusqu’où l’employeur peut-il légalement s’immiscer dans la vie privée d’un salarié ?

Le bad buzz aura été rapide et violent. Un couple de gérants d’un supermarché U près de Lyon a été poussé à démissionner de son poste suite à la réaction violente de centaines d’internautes après que des photos de leurs parties de chasse en Afrique en 2015 ont été retrouvées. Une situation qui interroge sur la légalité d’une telle situation. Jusqu’où l’employeur peut-il s’immiscer dans la vie privée ? Une activité légale peut-elle amener à un licenciement ou à une démission ?

Une situation juridique légale compliquée

Le couple de gérants qui a été poussé à la démission a officiellement décidé de lui-même de quitter son poste. Néanmoins, il ne fait aucun doute que les deux employés n’avaient pas l’impression de disposer d’un autre choix. Ils pourraient alors être tentés de se renseigner sur leurs droits dans une telle situation. S’il existe de nombreux sites où ils peuvent trouver des réponses, par exemple avec jurisexpert, ils découvriront surtout qu’aucune loi ne permet de résoudre la situation.

Effectivement, légalement, l’employeur n’a pas le droit de s’immiscer dans la vie privée du salarié, même s’il juge qu’elle interfère avec l’activité professionnelle. De nombreux cas et de nombreuses précédentes décisions juridiques viennent le confirmer. Un avocat à Lille avait, par exemple, réussi à annuler le licenciement d’une employée de maison dont les patrons avaient exigé qu’elle habitât à moins de 200 mètres de son lieu de travail.

La partie de chasse porte-t-elle atteinte au supermarché ?

En réalité, pour établir la légitimité du départ des gérants, il faudrait d’abord établir l’impact que leur partie de chasse a pu avoir sur l’entreprise. Effectivement, la jurisprudence a établi qu’en cas de répercussions importantes sur l’activité de l’entreprise, un licenciement pour des motifs personnels pouvait être justifié. Parmi ces raisons, on retrouve également les atteintes à la sécurité, les manquements à la loyauté, mais aussi l’atteinte à l’image de la marque.

Or, il ne fait aucun doute que les internautes révoltés par ces parties de chasse ont rapidement fait le lien entre les gérants et la marque Super U. Pour protéger son image, la marque aurait donc sans doute pu légitimement licencier les deux gérants. Néanmoins, d’après le communiqué officiel, ce sont les gérants qui ont décidé de partir. Super U n’a donc sans doute pas osé les licencier, bien que la justice aurait pu le reconnaître comme une mesure légale.

La question de la légalité de la chasse

Finalement, au-delà de la question de la légalité de ce départ des gérants, c’est peut-être davantage celle de la chasse qui est posée. Si on s’en tient à la définition sociologique d’Émile Durkheim, le crime est ce qui choque le plus grand nombre dans une société. Or, les safaris de ce genre choquent massivement et ils sont pourtant autorisés.

De même, la chasse et la pêche sur nos territoires choquent finalement très peu les Français. Voilà donc un bel exemple de complexité juridique et morale qui illustre parfaitement les liens délicats qu’il est nécessaire d’analyser froidement entre justice et morale. La justice ne peut suivre l’émotion du moment et doit rationnellement statuer sur une situation globale.

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